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La Ford Mustang de Bullitt

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Ford Mustang : l'intemporelle pony-car

La Mustang, c'est six générations de bolides et dix millions d'exemplaires vendus qui ont traversé près de trois générations d'amateurs de coupés sportifs. Véritable légende sur roues initiée par Lee Lococca en avril 1964, la Ford Mustang est devenue en presque soixante ans de carrière une référence unique d'abord pour le jeune public américain, puis pour le monde entier.
La recette était pourtant simple, mais elle arriva à point nommé ! À l'heure où les baby-boomers rêvaient d'émancipation, la Mustang leur offrit un coupé compact et racé à petit prix, identifié par un sobre mais mémorable logo de cheval au galop qui signifiait "lâchez la cavalerie". Taille, look, prix, identité, ce quarté fut gagnant ! Dès la première mouture, la Mustang posa les bases des pony-cars rugissantes qui évoluèrent plus tard en ce que le monde connait aujourd'hui sous le doux nom de muscle-car.

Génération 1967-1968 : La Mustang 2.0

Ford dut très vite aiguiser les fers de sa Mustang pour s'affirmer en tant que leader sur le marché des muscle-cars. Sa brève hégémonie fut rapidement menacée par une concurrence rude ainsi qu'une surenchère dans la course à la puissance. En 1966, l'étalon de Detroit vit alors émerger son éternelle rivale : la Chevrolet Camaro. En 1967, la réponse embraya vers la plus emblématique version de la Mustang…
La Mustang telle que nous la fantasmons aujourd'hui a pour point de départ un millésime 67 au caractère bien plus trempé. Le petit coupé prit du muscle, gagna en largeur, et fronça ses phares pour intimider la concurrence. "Intimider", mais aussi prendre la tête de la course ! Car si la Mustang 1967 tapa dans l'œil du monde, elle grava aussi ses oreilles avec son célèbre moteur V8 390 "big block" et ses 6,4L de cylindrée. Il fallait bien 320 chevaux à la Mustang pour faire de l'ombre à la Camaro !

Bullitt : la plus belle course de la Mustang

En dépit de quelques erreurs de parcours durant sa longue carrière, la Mustang des 60's suffit à marquer la culture populaire au fer rouge et à faire passer son nom à la postérité. Plusieurs centaines de films l'élevèrent au rang de star du grand écran comme de la petite lucarne. Mais il y eut un film en particulier. Un classique à jamais associé à la Mustang : Bullitt.

La Mustang de Bullitt

Octobre 1968. Le monde essaye encore de comprendre le scénario de 2001 l'Odyssée de l'Espace qu'un autre monolithe sombre et vrombissant crève déjà le grand écran dans le Bullitt de Peter Yates. Dans ce film noir mêlant chapeaux mous, salves de tirs et trahisons, le Lieutenant Bullitt mène l'enquête pied au plancher pour confondre des truands suspectés d'avoir assassiné un témoin clé. Le héros tout désigné pour ce thriller palpitant fut nul autre que Steve McQueen, acteur et pilote au sommet de sa carrière qui bien qu'apparemment dépourvu de zygomatiques, savait dompter un volant !
Habitué des destriers à grosse cylindrée, McQueen décida naturellement de faire de la Mustang sa partenaire de tournage pour Bullitt. Il s'agissait alors d'une Mustang 390 Fastback GT, la plus puissante de la gamme avec 320 bourrins, une boîte manuelle à 4 rapports rare pour l'époque ainsi qu'une peinture Vert Highland aujourd'hui plus qu'iconique.

Mustang : 2 - Communication : 0

Deux de ces Mustang haut de gamme furent commandées fin 1967. La malheureuse n°8R02S125-558 encaissa les cascades du film, tandis que celle portant le numéro de série 8R02S125-559 eut le plaisir de ne subir que les séquences "chevauchées tranquilles" du lieutenant Bullitt.
Cette année-là aurait aussi très bien pu voir sortir un film nommé "Mais qui a tué la conscience marketing de Ford". Sans prendre la mesure du coup de pub que McQueen leur avait offert en cette période charnière pour la Mustang, le constructeur refusa au dernier moment de faire don de ses Mustang à la production de Bullitt. Vexé et acculé, McQueen décida alors d'ôter le logo des deux voitures, de remplacer les jantes et de repeindre les cerclages des feux arrière pour limiter le placement de produit. Le préparateur attitré de la Mustang Carroll Shelby se joignit même à la mutinerie en offrant un volant de GT 500 Cobra pour remplacer l'original.

10 minutes pour marquer l'Histoire

Pourtant, il n'aura suffi que de dix minutes pour changer la voiture en légende. Si Bullitt entra au Panthéon des films d'action, ce fut grâce à sa célébrissime course-poursuite dans les rues vallonnées de San Francisco où la Mustang démontra son caractère. Cette séquence demanda trois semaines de tournage et plusieurs modifications sur la Mustang afin que ses suspensions endurent les bonds. Et le résultat s'avéra plus que convaincant !
Cette scène de poursuite culte tournée à parfois plus de 180km/h offrait un spectacle d'un réalisme saisissant, mêlant plans larges et vues subjectives pour offrir dix minutes d'immersion à grand frisson. La scène, bien que dépourvue de bande son, proposait un rythme palpitant orchestré par un montage parfait (et oscarisé) ainsi qu'un bruit de moteur puissant qui valait toutes les BO du monde. Bien qu'il se soit entraîné pour dompter la Mustang et faire confiance à son adversaire de poursuite, McQueen fut privé des cascades les plus risquées par les sociétés d'assurance et dut alors laisser le volant à ses doublures habituelles telles que Bud Ekins ou Loren Janes.
Pour un connaisseur, la course-poursuite de Bullitt avait également un certain côté "méta". Dans cette scène, la Mustang passe de proie à chasseuse face à une Dodge Charger, l'autre concurrente majeure de la muscle-car. Le message était alors limpide : "qu'importe l'adversaire, la Mustang restera en tête !"

Fins de carrière

À la suite du tournage, la Mustang "559" encore rutilante fut acquise par un employé de la Warner, puis vendue une bouchée de pain (entre 3500 et 6000$) à un certain Robert Kiernan. Elle restera la voiture de la famille de 1974 à 1980 avant d'être remisée puis restaurée en 2014 par le fils Kiernan. Grâce à une lettre écrite de la main de McQueen proposant de la racheter, la Mustang Bullitt "559" vit sa cote bondir. Si les Kiernan en restèrent finalement propriétaires, la star fraîchement remise sur roues put finalement être vendue aux enchères le 10 janvier 2020 pour une somme à la hauteur de sa légende, soit 3,7 millions de dollars !
La Mustang "cascade" n'a pas connu une fin de carrière aussi glorieuse. Sortie des radars, la Bullitt "558" fut retrouvée par hasard dans une casse mexicaine en 2016. Authentifiée, elle séjourne aujourd'hui en Californie dans l'attente d'une restauration complète.

Bullitt : les remakes

Des décennies après le succès du film, la Mustang verte à la sauce "Bullitt" continua d'émouvoir les nostalgiques et de faire les grandes heures de Ford. Deux "remakes" de la star furent ainsi conçus et proposés en éditions limitées, à l'occasion des 40ème et 50ème anniversaires du film. Qu'il s'agisse de la Mustang GT Bullitt 2008 ressemblant trait pour trait à l'originale ou de la version modernisée de 2019, on la reconnait toujours à sa peinture, à l'absence de logo et à sa puissance optimisée. De quoi donner à la Mustang, à Bullitt et à Steve McQueen, quelques jours de gloire supplémentaires dans l'éternité

Crédits photo : fr.wheelsage.org, www.wsupercars.com
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Fiche technique
Voiture
Ford Mustang GT 390 Fastback 68
Carrosserie
Coupé
Années de production
1967-1968
Moteur
V8
Cylindrée
6384 cm³
Transmission
Propulsion
Puissance
325 ch
Accélération
0 à 100 km/h en 6,8 s
Vitesse maximale
212 km/h
Poids
1251 kg
Consommation mixte
environ 25 L/100 km
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