Le modèle Firebird représente le porte-étendard des petits coupés rugissants issus des usines Pontiac, constructeur américain du groupe General Motors. Ce nom aujourd'hui solidement ancré dans les esprits des cinéphiles comme des amateurs de mécanique est né en 1967, treize ans après le concept XP-21 Firebird qui imaginait alors un bolide évoquant la vélocité d'un avion.
À l'origine de la lignée des Pontiac Firebird telle qu'on la connaît, il y a une rivale : la mythique Ford Mustang. Suite à l'échec du projet de supercar Banshee, Pontiac décida alors de s'attaquer au marché des pony cars et des muscle cars avec une voiture plus trapue, plus carrée, et tout aussi puissante. Avec le châssis de la Chevrolet Camaro, quelques-unes de ses pièces de carrosserie et une touche de créativité, la toute première Pontiac Firebird 1967 était née.
De 1967 à 2002, quatre générations officielles de Firebird virent le jour. Pourtant l'Histoire choisira de retenir avant tout la seconde portée (de 1970 à 1981), période bénie où les Firebird Trans Am couronnèrent Pontiac d'un fulgurant succès.
Dès la première génération de Firebird, "Trans Am" correspondait au plus haut niveau de finition du modèle. Ce nom inspiré du championnat automobile Trans-Am faisait alors écho à son caractère encore plus sportif, à son hood scoop trônant sur son capot et à sa ligne acérée qui relégua même la référence Pontiac GTO aux oubliettes. Une vraie muscle car de corps et d'esprit.
Face au succès de ces Firebird dopées, Pontiac fit de l'esprit Trans Am un modèle à part entière. Le modèle Trans Am 77 en est l'un des plus fiers représentants, connu et reconnu avec ses phares carrés et son emblème d'oiseau hurleur trônant toujours plus flamboyant sur son capot.
Côté moteur, le ramage de la Firebird Trans Am 77 se rapportait à son plumage ! Avec son V8 Pontiac 400 ci de 6,6L, elle pouvait alors déchaîner jusqu'à 180 chevaux. Équipée des options du "Pack Performance W72", la Trans Am 77 atteignait même les 200 chevaux.
Résultat des courses, près de 70 000 Trans Am furent écoulées en 1977. Cependant, sa fiche technique n'était pas le seul point d'intérêt des acheteurs. Ce qui a finalement placé la Firebird Trans Am au rang de monument, c'est son apparition dans une version spéciale Noir et Or sur grand écran !
En 1977 sortait au cinéma un petit film de SF sobrement nommé "La Guerre des Étoiles". Pourtant ce n'est pas le hurlement du X-Wing qui a d'abord secoué le box-office américain, mais plutôt le rugissement de la Trans Am 77 dans le film Cours Après-Moi Shérif de Al Needham !
Dans cette comédie d'action, Burt Reynolds alors toute moustache dehors interprète Le Bandit. Sa mission : distraire les troupes du Shérif pendant un convoyage illégal d'alcool en pilotant un bolide. Après le visionnage d'un spot publicitaire, le réalisateur Al Needham décida que son Bandit conduirait une Pontiac Trans Am 77 et obtint trois voitures pour le tournage de la part du constructeur. Un quatrième exemplaire fut aussi livré pour la promotion du film.
Mieux qu'une démonstration, c'est un sacré coup de pub que s'est offert Pontiac en portant sa Trans Am 77 à l'écran. En effet, le modèle 77 n'est encore qu'en cours de production lors du tournage. Pour créer l'illusion et en faire la promotion, le film présentait en réalité des Trans Am de 1976 dotées du nouveau pare-choc et des nouveaux feux. Le moteur était lui aussi issu de la génération précédente, soit un V8 7,5L de 200 chevaux.
Cette astuce relevant du maquillage de cinéma fit son effet, et la Trans Am 77 devint culte avant même d'exister. Elle vola presque la vedette à la belle Sally Field (alias "Frog" dans Cours Après-Moi Shérif), si bien qu'en 1979, le nombre de Trans Am vendues avait doublé !
Dans Cours Après-Moi Shérif, le rugissement de la Trans Am a mis les oreilles de tous les amateurs en émoi. Pourtant, la production avait jugé le son du moteur trop édulcoré et décida finalement de le remplacer par le bruit rauque d'une Chevrolet Custom de 1955. Seule une oreille attentive aurait pu s'en douter !
Malheureusement, la magie du cinéma n'opère pas lorsque l'on est fait de métal ! À la fin du tournage, les trois Trans Am finirent fortement endommagées, voire complètement détruites. Si elle paraissait bondir avec l'aisance d'un chat lors de la célèbre scène du saut au-dessus du pont, cette cascade a bel et bien eu raison d'elle !
Cours Après-Moi Shérif fut une vraie success-story pour le cinéma comme pour Pontiac. Le film devint le second plus grand succès de l'année 1977 (juste derrière ledit film de SF), et la Firebird Trans Am s'éleva au rang de star hollywoodienne en surpassant même sa sœur ennemie la Camaro. La carrière des Firebird sur les écrans continuera également plus tard, lorsqu'une Trans Am 82 de 3ème génération incarne KITT dans la série K2000.
Quant à Burt Reynolds, la direction de Pontiac lui avait promis sa propre Trans Am 77. Il ne l'obtiendra malheureusement pas. Du moins pas de sa part ! Quelques mois après, un proche lui fit le cadeau d'une Trans Am restaurée à l'identique. Cette relique sacrée signée de la main de Burt Reynolds sur le tableau de bord fut vendue pas plus tard qu'en 2020, pour la modique somme de 172 000$.